Le décès de l'exploitant individuel laisse place à une indivision entre les héritiers pouvant être source de conflits et de blocage dans la gestion de l'exploitation. L'indivisaire ayant participé à l'exploitation avant le décès peut demander, voire exiger, l'attribution préférentielle dans le cadre d'un partage.
Sort des terres
Pour les terres appartenant à l'exploitant décédé, on applique les règles de l'indivision entre héritiers. Pour les terres prises à bail, le bail est transmis au conjoint ou aux descendants ayant participé à l'exploitation dans les cinq années précédant le décès. A défaut, il est transmis aux héritiers, avec la possibilité pour le bailleur et les héritiers de résilier le bail dans les six mois à compter de la connaissance du décès.
Fiscalité
Le décès entraine une cessation d'activité de l'exploitant générant notamment l'imposition immédiate des bénéfices non encore taxés et la taxation des plus-values professionnelles latentes sur les éléments d'actifs, avec toutefois des dispositions atténuateurs :
Si l'activité a été exercée depuis au moins cinq ans et s'il ne s'agit pas d'un terrain à bâtir :
A noter que les droits de mutation à titre gratuit dus par les héritiers sur la valeur des éléments composant l'exploitation peuvent être atténués par une exonération partielle (75%) grâce à l'engagement de conservation dit Pacte Dutreil.
Les terres peuvent être conservées par l'exploitant propriétaire pour être données à bail rural au descendant repreneur ou faire l'objet d'une cession de bail rural au profit du descendant repreneur avec l'accord du bailleur. La donation emportera les conséquences d'une cessation d'activité et pourra être partiellement exonérée de droits en cas d'engagement de conservation (Pacte Dutreil).
A noter que les droits de mutation sont réduits à 50% si le donateur est âgé de moins de 70 ans et que la donation emplit les conditions de l'article 787 C du Code Général des Impôts.
Vendre
La vente porte sur les éléments d'actifs de l'exploitation et sur le fonds agricole s'il a été préalablement déclaré. La cession entraîne l'imposition des plus-values latentes sur les éléments d'actifs immobilisés, sauf application d'un des dispositifs de faveur déjà évoqués ou encore de celui prévu en cas de cession d'entreprise lors d'un départ à la retraite. Concernant les terres, si elles sont inscrites à l'actif, elles sont assujetties aux plus-values professionnelles. Si elles sont dans le patrimoine privé et qu'elles sont cédées au repreneur, on applique les plus-values immobilières des particuliers, avec abattement pour la durée de la détention.
Les droits de mutation
Si la vente porte uniquement sur des biens immobiliers, un droit fixe de 125€ est dû. Si la vente porte sur des biens immobiliers et des biens mobiliers, c'est le droit de vente des immeubles au taux de droit commun qui s'appliquent pour la totalité, sauf si les meubles sont désignés et estimés article par article. Enfin, si la vente porte sur un fonds agricole, le droit fixe de 125€ pour le fonds se cumule avec le droit de vente au taux de droit commun pour les immeubles.
Transmettre l'exploitation sociétaire
La mise en société d'une exploitation individuelle permet de "passer la main" en douceur en cédant progressivement les titres. La société présente également l'avantage de survivre au décès de l'associé.
Mise en société de l'exploitation individuelle
L'apport en société emporte cessation d'activité : imposition immédiate des bénéfices et des plus-values latentes sur les éléments d'actifs immobilisés, sauf exonération. La société peut exploiter les terres de différentes manières. Qu'elles soient propriété de l'exploitant ou prises à bail par ce dernier, les terres peuvent être mises à disposition de la société.
Fiscalité
Il existe un dispositif optionnel spécifique à l'apport en société de l'exploitation individuelle. Il prévoit, d'une part, le report d'imposition des plus-values sur les éléments non-amortissables jusqu'à la cession à titre onéreux des droits sociaux reçus en contrepartie de l'apport, d'autre part, l'exonération des plus-values sur les immobilisations amortissable et les profits sur stocks. Lors de la constitution de la société, l'exploitant bénéficie d'une exonération de droit d'enregistrement en cas d'apport pur et simple ou d'apport à titre onéreux résultant de la prise en charge du passif grevant des immeubles apportés, au profit d'un GAEC, d'un GFA, d'un groupement forestier ou d'un EARL.
Transmission des parts sociales
Les parts détenues constitueront des éléments d'actif professionnels pour l'associé exploitant (plus-values professionnelles) ou des éléments du patrimoine privé pour l'associé non exploitant (plus-values sur valeurs mobilières). Pour l'associé exploitant la cession, à titre onéreux ou gratuit, de ses parts génère l'imposition d'une plus-value sur parts sauf exonération.
En cas de transmission à titre gratuit des part à une personne physique, il bénéficie d'un report d'imposition se transformant en exonération définitive si l'activité se poursuit pendant cinq ans. Pour l'associé non exploitant, la vente de ces parts peut générer l'imposition d'une plus-value sur parts sauf exonération, avec abattement pour la durée de la détention. Concernant les droits d'enregistrement, seul un droit fixe de 125€ est dû en cas de cession à titre onéreux de parts de GAEC, d'EARL non soumise à l'impôt sur les sociétés, et de toutes sociétés civiles à objet principalement agricole. A noter qu'il existe une possibilité d'exonération partielle (75%) de droit de mutation de 50% si le donateur est âgé de moins de 70 ans et que les conditions de l'article 787 B du Code Général des Impôts sont remplies.
Sandrine Besson - Cidron de Lyon